Dans le dernier numéro de La Franche-Comté vue d’ailleurs, le magazine des Franc-Comtois à Paris et en Ile-de-France, un article consacré à L’Erreur de trop et à mon Prix Louis Pergaud 2020. Interview de Pierre GERARD.
Amoureux de l’aviron et de la voile, médecin libéral et hospitalier, Bourguignon et Franc-Comtois, lecteur et écrivain… que ne faites-vous pas ? Et comment trouvez-vous tant de capacités à exercer ?
Certes, je suis très occupé par mes multiples activités mais j’ai la chance d’avoir une grande capacité d’organisation. Et puis, tout n’arrive pas à point au même moment. Il y a des temps forts et d’autres plus paisibles dans mes diverses activités et dans mes projets. Bien sûr, pour l’instant, c’est l’exercice de la médecine qui m’occupe le plus. Mais que ce soit là ou dans le sport ou la littérature, le dénominateur commun est la passion. J’aime tout ce que je fais. Je ne me sens donc jamais dans une démarche contrainte.
Vos Nouvelles nous conduisent dans L’erreur de trop en bien des lieux d’Europe. Ces voyages vous permettent de donner à ces régions peu connues un cadre exotique… pour questionner des façons d’être et insinuer l’espoir, êtes-vous un humaniste ?
Profondément oui. Je crois en l’Homme, en ses qualités et ses vertus même si parfois il m’arrive de douter dans certaines circonstances. Je m’efforce toujours de tourner une page sombre pour en découvrir une qui soit plus souriante. C’est d’ailleurs ce qui m’anime dans l’écriture comme dans tout ce que j’entreprends.
Vous qui êtes à mi-chemin, que pensez-vous de la « nouvelle » région Bourgogne-Franche-Comté ? Quels lieux de ces deux entités à l’histoire commune vous inspirent ?
Bourguignon d’origine, Franc-comtois d’adoption comme j’aime à le dire, je me targue d’être le plus régional de tous et depuis longtemps. J’ai déjà passé plus de la moitié de ma vie dans la région doloise et je ne regrette jamais d’avoir « émigré » ici depuis Dijon. Ce fut un voyage assez court en distance mais un vrai saut dans une culture totalement différente. Le plus dur à l’époque, au début des années 80, était d’oser franchir la Saône lorsqu’on venait de la capitale de la Bourgogne. J’aime l’eau et suis facilement inspiré par le Doubs, la Saône, le canal de Bourgogne et les lacs jurassiens. J’ai aussi une affection particulière pour les vignobles, celui de Bourgogne et ses Climats, celui plus modeste mais ô combien attachant du Revermont.
Vous avez le don de faire rire le lecteur même, ou grâce à, des situations difficiles… Comment faites-vous ?
J’ai toujours pratiqué l’humour, pour faire rire tout simplement ou pour dédramatiser des situations parfois cruelles et embarrassantes. Il est aussi pour moi un refuge pour m’évader du poids du stress quotidien souvent présent dans le monde de la santé. C’est un peu une seconde nature. Mes personnages me ressemblent et adoptent fréquemment des postures amusantes qui les rendent sympathiques. Mais ne nous y trompons pas ! Derrière la façade, il y a souvent un message ou une idée qu’il faut suivre.
Le Prix Louis Pergaud a été institué par notre association en 1953. Que pensez-vous qu’il puisse vous apporter ? Ne mérite-t-il pas d’être mieux connu ?
J’espère que le Prix Louis Pergaud me donnera plus de visibilité auprès d’éditeurs potentiels pour mes futurs projets. Je suis très agréablement surpris de l’excellent accueil que lui ont fait mes collègues écrivains sur la région et des messages de sympathie et d’encouragement que j’ai reçus de la part de nombreux lecteurs. Il est évident que ce prix littéraire mériterait d’être mieux connu pour promouvoir la qualité du patrimoine littéraire régional et aussi pour défendre une dimension plus artisanale mais néanmoins respectable de l’écriture de nombreux auteurs régionaux, en regard des prix plus médiatisés qui écrasent un peu le paysage.
Comment voyez-vous l’avenir de la Région ?
C’est une question bien sûr délicate et complexe. Il est toujours difficile de prédire l’avenir. Je pense qu’il va se mettre en place un équilibre naturel entre les deux ex-régions. La Bourgogne plus riche et plus puissante économiquement et la Franche-Comté plus rurale mais aux nombreux attraits touristiques avec ses diversités géographiques. Il est nécessaire que ce mariage entre les deux ex-régions, faute d’être un mariage d’amour, soit un beau mariage de raison où chacun des deux partenaires profite des différences de l’autre. Je suis donc optimiste quant à l’avenir de cette nouvelle région qui cherche encore ses marques. En tout cas, je ne manque jamais une occasion de vanter les charmes et les atouts de cette Bourgogne qui m’a vu naître et de cette Franche-Comté qui me voit vieillir…
Que voudriez-vous ajouter en vous adressant à nos adhérents et lecteurs ?
Que la vie vaut toujours la peine d’être vécue même si le chemin est parfois semé d’embûches. Et que si la vraie vie ne nous apporte pas assez de rêve ou de bonheur, on peut toujours se réfugier dans le monde des pages d’un livre. Les humains ont besoin d’imaginaire, sûrement encore plus en ces temps difficiles de crise sanitaire…
MERCI !