À fleurs ou à carreaux – Michel BRIGNOT – 9 mai 2020

Les masques, ces Arlésiennes de l’épidémie de Covid. On en parle beaucoup, mais on ne les voit jamais…

À fleurs ou à carreaux

Personne n’existe plus, il n’est plus de visage
Plus de nez, de sourire, de fossette, de menton
Depuis que le Covid a marqué son passage
De règles et de contraintes, de lois et de sanctions

Chacun doit se planquer derrière son bouclier
De plastique, de papier, chirurgical ou non
Faute de mieux, on découpe un pan de tablier
Pour s’en faire un rempart à l’abri du démon

Ça tient sur les oreilles avec des élastiques
Eux aussi fabriqués avec des chutes de rien
Ou un vulgaire lacet, fixation pathétique
Qui lâche dès qu’il le veut, indiscipliné lien

Les humains sont devenus des vitrines sur pattes
Exhibant des tissus à fleurs ou à carreaux
À rayures ou à pois, unis ou disparates
Image de celui qui s’en fait un drapeau

Pour nous autres soignants, au cœur de la bataille
On ne les voit jamais, on nous en parle sans cesse
Les masques sont l’Arlésienne de cette belle pagaille
Sans eux, pas d’autre choix que de serrer les fesses

On devra s’habituer à parler à quelqu’un
Dont le visage n’est rien en dehors de ses yeux
Est-ce Bernard, Paul, Alexandre ou Alain
Celui qui devant moi peut-être est contagieux ?

Le Covid, non content de tuer nos semblables
Nous a aussi réduit à l’état de moitiés
De visages, de sourire devenus incapables
Tristes marionnettes au rictus de papier.

Michel BRIGNOT – Authume – 9 mai 2020

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